jeudi 23 février 2012

CORRUPTION

CORRUPTION
19 février 2012-02-21

 Derrière les sourires de ces innocents il y a l’ombre inacceptable de leur exploitation . Vivre sur le dos des plus pauvres, les utiliser pour s’enrichir est illicite et condamnable.
La corruption :  un chapitre insuffisamment traité par les ONG de développement.
Il est (trop) généralement admis que la corruption est un fait inévitable, habituel, dans ces pays, un fait qui s’est généralisé et qui reste impuni. Alors, combattre la corruption…  N’entend-on pas dire, dans des discours très officiels : « volez, mais pas trop ».
Il semble alors que cohabiter avec la corruption soit le seul chemin possible. C’est que  les ONGs interviennent généralement dans des pays où la corruption et la pauvreté sont des maux endémiques. Nous n’intervenons ni en Finlande ni en Norvège..
La relation est bien certaine entre pauvreté et corruption, bien qu'il soit évident que la corruption est un phénomène généralisé, présent partout.
A MEDITERRANEA, nous défendons que la lutte contre la corruption est une priorité, et qu’il est très important que les faits délictueux soient mis en pleine lumière, même si certaines personnes risquent de ne pas bien comprendre, parce qu’ils idéalisent à l’extrême l’aide humanitaire.
A MEDITERRANEA, nous sommes tous volontaires bénévoles, sans exception. Cela signifie que personne n’est rémunéré par l’ONG et que personne ne dépense l’argent de l’ONG à des fins personnelles : c’est un point très clair et strictement contrôlé.
Nous avons tous une activité professionnelle, et le temps que nous consacrons aux projets de MEDITERRANEA est pris sur nos loisirs… et souvent sur nos heures de vie familiale.
Et il arrive que nous ayons à supporter des coûts et des risques personnels bien plus lourds et bien plus graves, lorsque, dans les pays d’intervention, nous devons faire face aux « mafias » locales.
Les règles du jeu diffèrent selon les pays et, lorsque nous sommes plusieurs ONG, nous sommes d’autant plus soumis à des risques, lorsque nous ne voulons pas céder à la corruption, que d’autres organisations décident plutôt de fermer les yeux ; soit parce qu’elles pensent que, au bout du compte, une partie des moyens qu’elles apportent servira quand même à ceux qu’elles visent, soit parce qu’elles doivent composer, ayant elles-mêmes une structure locale composée de salariés. Ou encore parce que leurs responsables ne conçoivent pas de ne pas être en position d’agir, quelles sue soient les compromissions à accepter. Chacun son point de vue.
A MEDITERRANEA, nous avons le nôtre, fondé sur notre expérience : depuis presque 6 ans nous avons combattu la corruption dans le cadre de nos interventions en Ethiopie. Nous nous sommes directement opposés à ceux qui voulaient profiter de la corruption, en sachant tout ce que cela allait entraîner : vengeances personnelles, menaces, diffamation, et de tout ce qui peut, selon le moment et le lieu, être difficile à supporter. La forme peut changer, mais le fond reste toujours le même : le corrompu est mauvais perdant lorsqu’il voit échapper le pouvoir ou l’argent acquis illégalement.
Le dernier rapport reçu de notre comptable en Ethiopie nous confirme que cet homme apporte un heureux changement à ce que nous avons dernièrement vécu là-bas, parce qu’il s’oppose fermement à toutes les tentatives de corruption. Il a terminé son enquête et effectué une étude portant sur les trois derniers mois, comparant ce que la mafia locale affirmait que nous dépensions (sur la base de fausses factures) et ce que le magasinier (mis là par ses amis mafieux) inscrivait réellement dans son livre d’entrées/sorties. Cela a permis de vérifier ce qui était détourné.
L'argent était reçu notre par représentant (il n'y avait pas d’autre manière de faire pour que l’école puisse continuer à fonctionner) qui en distribuait les « profits » à ses complices mafieux, physiquement présents ou pas, mais ayant tissé un filet bien réel autour de l’école : les ex-employés de l'Edir que le Kebele avait renvoyés deux ans auparavant. Incroyable !  mais ces  fantômes  ont toujours rôdé à Abugida, en contact avec notre ex-représentant. 


Les enfants d'Abugida ont continué à manger et on a pris soin d’eux,  comme toujours, mais ces personnes corrompues gonflaient les frais, et ils sont même arrivés à détourner l’argent des parrainages, argent que nous remplacerons lors de notre prochain transfert. Un seul exemple,  mais il y en a beaucoup d’autres : notre ex-représentant nous disait que le voyage du camion pour vider la fosse  septique était de 1000 birrs, alors qu’il devait en fait le payer 167 birrs Le surplus était pour sa poche et celle de ses complices.
Nous avons toujours essayé d'avoir un double contrôle de comptabilité en Ethiopie : un à l’Ecole et un autre, exterieur et indépendant, sur lequel nous exerçions notre propre contrôle. Et nous avons eu la grande chance de compter parmi nos membres bénévoles une commissaire aux comptes, qui est allée à Abugida, et qui a découvert et a interrompu ce trafic de fausses factures faites à main ou sur l'ordinateur de notre ex représentant.. La coopération étroite entre notre commissaire aux comptes et notre comptable éthiopien a permis de découvrir et de faire cesser immédiatement ce qui avait commencé en septembre.
Le dernier geste « noble » de notre ex-représentant a été de s'aller avec l’argent nécessaire, pour la semaine, à la nourriture des enfants. Heureusement, nous avons envoyé de l'argent et les enfants ont été toujours nourris, parce que pour nous l'alimentation est fondamentale : construire de belles écoles ou payer des uniformes et des livres à des enfants morts de faim paraîtrait démentiel.
Ce n’était pas sans raison que  le gouvernement de Nelson Mandela avait  ordonné de donner à chaque enfant deux tranches de pain avec du beurre  de cacahuète : c’était pour qu'ils puissent s'activer sans sentir les tiraillements de la faim.
Nous continuons à prévenir et à combattre la corruption. Nous n’allons pas nous laisser étouffer par elle, nous le disons très clairement.
Merci pour votre appui en tous ces derniers temps, difficiles et agités. Cela fait aussi du bien de recevoir des lettres comme celle arrivée d’Ethiopie hier:
« Après avoir  compris votre effort ici dans Addis,  je peux dire que je suis vraiment impressionné par vos interventions  et par les difficultés auxquelles vous avez fait face. Je ne crois pas avoir déjà observé un programme qui soutient aussi directement ses bénéficiaires. Merci de me donner un peu de temps pour rétablir complètement la situation. Je souhaite très sincèrement que les choses retrouvent bientôt leur cours normal. »
Ojalá...

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